Article basé sur “Bushido, l’âme du Japon“, 1905, de Inazo Nitobe, livre qui a marqué son époque, mettant en parallèle cet esprit de chevalerie qui a forgé le caractère du Japon, avec les enseignements des prophètes chrétiens ou musulmans et des philosophes grecs comme Platon. “Bu” signifie l’ensemble des techniques martiales, “Shi” le guerrier et “Dô” la voie, littéralement la Voie du guerrier. Le bushido (on écrit en minuscule, le terme étant entré comme nom commun dans la langue française), code moral de la caste militaire des samouraïs, imprègne encore aujourd’hui la mentalité nippone. Il se fonde sur sept sentiments moraux : la loyauté, l’honnêteté, la droiture et le courage sans lesquels aucun véritable engagement, aucun esprit de service voire de sacrifice ne peut voir le jour, et la bienveillance, la sincérité et l’honneur. Il n’est fondé sur aucune doctrine, appuyé par aucune obligation juridique, il est d’inspiration zen (Nitobe : “le zen amène le sens d’un calme abandon aux voies du destin, de la soumission tranquille à l’inévitable“), confucianiste (l’intellect n’est rien sans la conscience) et shintoïste (sentiment national, respect de la mémoire des ancêtres).
Bushido : Le code d’honneur des samouraïs
Plusieurs grands principes rejoignent les grandes pensées occidentales :
– il y a plus de courage à passer pour lâche en refusant de se lancer dans une bataille que l’on juge illégitime qu’à passer pour brave en y mourant
– le souverain de droit divin est redevable devant le Ciel, de la bienveillance avec laquelle il traite ou ne traite pas son peuple, etc…
Mais le bushido a été dévoyé à la fin du XIXème siècle lorsque le gouvernement japonais confia les rênes de l’armée et des grandes entreprises (les zaïbatsus, grands conglomérats industriels) aux descendants des samouraïs. Ceux-ci organisèrent leurs entreprises selon les valeurs du bushido, menant à un impérialisme militaire et économique qui culminera en 1945 comme base spirituelle des kamikazes. De nos jours, il a retrouvé ses valeurs originelles pacifiques, le bushido imprègne des aspects quotidiens aussi divers que la consommation alimentaire des Japonais (manger avec modération), du comportement (courtoisie et forte exigence de politesse dans toutes les strates de la société) ou de la poésie (qui apprend l’attention et le respect). Le sens de l’engagement appuyé sur l’honneur dans le milieu du travail en est aussi une survivance, la collectivité et la famille primant sur l’individu. A noter au XXIème siècle, cette opposition d’une partie de la jeunesse japonaise à ce qu’ils considèrent comme un carcan (le travestissement cosplay en est devenu un des moyens d’expression). Le mangaka Yoshito Usui remet en question certains des us et coutumes régentant la vie quotidienne dans Shin Chan, sorte de Simpson ou de Titeuf local.