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Jours de printemps ! Les mots-saison. Covid-19.

Seki mountain

Nous avions fait en son temps un topo sur les saisons qui rythment l’inconscient collectif japonais et dont s’inspirent les haïkus, poèmes fugitifs hommages à l’instant présent (aisatsu), contrastant avec la marque durable de l’univers. Emotion du  jour inscrite dans une célébration saisonnière.

En de début février où les cerisiers sont déjà en fleurs sur l’île d’Okinawa, les pruniers du côté de Saitama, les images commencent à poindre sur les réseaux sociaux. Avec eux, la poésie inhérente. Les poèmes des auteurs japonais anciens suivent cette classification saisonnière car dans l’ancien calendrier lunaire le printemps commençait le 4 février et finissait le 5 mai (le calendrier solaire ne fut introduit qu’en 1872).

En cette période de pandémie avec ses morts prématurées, nous vient à l’esprit ce haïku de Yosa Buson qui met en lumière une dramaturgie en 3 lignes qui finit sur une note d’espoir :

Soir de printemps | De bougie en bougie | La flamme se transmet

Cette année les touristes ne contempleront pas les cerisiers, les vols touristiques sont interdits dans les deux sens entre la France et le Japon. De nouvelles restrictions de part et d’autre s’installent. Le Japon hormis la mégapole Tokyo, a plutôt bien résisté, à ce jour quelques 5600 décès enregistrés. Il y a eu 40 fois plus de décès dû à la grippe cet hiver qu’au Covid (il faut dire qu’en France, on a tendance à gonfler les chiffres Covid à cause des primes perçues par les hôpitaux !..). Sur le pourquoi, on peut philosopher. Il se pourrait que le Japonais, qui porte un vrai culte à des fleurs, semble plus proche d’un Dieu Nature avec un grand “N” que nous. D’une part en raison de sa géographie, mais aussi de son histoire. Saviez-vous par exemple que la double-nationalité est interdite au Japon ? On est Japonais où on ne l’est pas, la  bi-nationalité est interdite. Le Japon a aussi un niveau de vie protecteur, un tourisme de luxe et non pas de masse ; peu d’immigration ; le fait est qu’un regroupement excessif des populations humaines est un facteur de vulnérabilité vis-à-vis des virus. Le Japonais a aussi l’habitude de consommer local, au rythme des saisons. Un mode de vie qui était entrain de basculer, mais où perduraient d’anciennes habitudes. Précisons que ces 5600 décès ont eu lieu malgré l’ouverture légale de nombreux restaurants, bars, salle de jeux, karaoké après 20h. Le Japon n’avait jusqu’à présent pas les moyens légaux d’imposer un confinement car depuis les graves dérives militaristes de la seconde guerre mondiale la constitution nippone est très regardante quant aux libertés individuelles. Hélas, avec l’explosion des contaminations cet hiver (et la pression occidentale), le gouvernement s’état-urgentise. Le 3 février, une loi donnera le pouvoir à la police d’imposer des amendes allant jusqu’à 2300 euros contre les restaurants ouverts le soir. Il sera intéressant de voir la réaction d’une population réputée très docile à ces nouvelles règles liberticides.

Pour faire léger nous oserons ce haïku de circonstance particulièrement adapté à la situation que nous connaissons : “Sur la terre comme au ciel | Les cerisiers fleurissent | Et moi je tousse” (Nomiyama Asuka)

Le symbole du printemps est le cerisier dans l’imaginaire nippon. C’est également le cas de la dernière nouveauté Kasumi qui contient pour sa créatrice une charge émotionnelle au travers de la symbolique porte-bonheur de la fleur de cerisier / manche de Kasane. La fleur de cerisier était jadis l’emblème des samouraïs, aujourd’hui rime avec beauté et Nature. Le manche de Kasane de Kasumi est en mountain cherry tree, cerisier sauvage des montagnes de Seki, berceau de l’entreprise dans la province de Gifu, ci-dessus une image parlante de l’endroit.