On se souvient qu’après la Chine le Japon avait été le deuxième pays le plus impacté par l’épidémie. Il avait été un des premiers touchés, le 15 janvier, 9 jours avant la France, par quelqu’un revenant du foyer d’infection de Wuhan en Chine, mais le nombre de cas reste faible à ce jour : environ 780 personnes et 22 tués si l’on ne tient pas compte de ceux du Diamond Princess qui ont passé un mois sur le bateau de croisière (712 dont 7 décès), les chiffres divergent quelque peu nous avons décidé de retenir ceux-ci au 15 mars. Et pourtant le Japon n’a pas pris d’interdiction drastique comme la France mais seulement recommandé de s’abstenir. Il faut dire que, tous ceux qui ont déjà voyagé au pays le reconnaissent, les Japonais sont très disciplinés et on n’a pas besoin de leur dire les choses deux fois. Crèches, maternelles et universités n’ont même pas été fermées. Le pays avait d’abord été très critiqué pour sa gestion du Princess à bord duquel, par manque de moyens, les 2/3 des passagers n’avaient pas été contrôlés, puis placés en quarantaine, infectant les autres. D’après Shigeru Omi, épidémiologiste, la progression est faible parce qu’une personne infectée n’en contamine qu’une seule. La détection rapide des foyers et l’isolement des patients même peu symptomatiques à l’hôpital sont aussi mis en avant par cet expert.
Serait-ce leur habitude de porter des masques lorsque grippés ? Mais ils font aussi face à une pénurie. Ce qui est sûr par contre, c’est qu’il apparaît que les Européens n’ont pas fermé leurs frontières assez tôt. Les Japonais quant à eux avaient placés tout arrivant de pays à risque en quarantaine, le gouvernement de Corée du sud avait protesté tantôt contre des mesures qu’il estimait trop drastiques et à visée politique (ils ne s’entendent pas bien entre les deux pays). D’aucuns diront que le gouvernement japonais sous-estime les cas parce qu’il ne fait tout simplement pas les tests, c’est déjà ce qu’on a reproché aux Allemands qui ont un très faible taux de mortalité (0,2 %). Les Japonais, incrédules, pensent qu’on leur cache l’ampleur car le gouvernement a très peur de devoir annuler les JO cet été. Par contre il est quelque chose qui peut leur sauver la vie : les Japonais n’embrassent pas et ne se serrent pas la main. Leur salut viendrait-il de leur salut.
Complément du 14/05.
Deux mois après ce post, la situation est la suivante : sur un plan sanitaire 16.000 cas (d’aucuns prétendent qu’ils sont sous-estimés) pour 687 décès. Les J.O. remis aux calendes japonaises (les craintes sont grandes qu’ils n’aient jamais lieu), mais pas tant de perturbations économiques que chez nous. Le gouvernement compte lever l’état d’urgence demain. Le Japon est donc un des pays qui a le mieux réussi à passer cette première phase. Parmi les raisons invoquées ce que nous faisions remarquer dès le 16 mars : la distanciation sociale culturelle, le port du masque. Mais aussi un nouvel élément apparu au vu des morts en Occident : le faible nombre d’obèses et de co-morbidité. Ce virus dont on découvre au fur et à mesure qu’il frappe les plus fragiles serait aussi une maladie de civilisation. De mal-bouffe, détruisant nos réserves immunitaires. Un plaidoyer pour une cuisine responsable à base de plus de poissons, de vitamine D ou d’Omega 3 ? Au passage notons que le pays a alloué à chaque citoyen une prime de 100.000 yens, soit 860 €, pour passer le cap. Et qu’il n’y eut AUCUNE sanction pour non-respect de confinement. Le Japon une fois de plus, un modèle dont on ferait bien de s’inspirer.