On ne peut parler des mangas sans citer un des pères fondateurs qui a influencé les générations de mangakas suivantes, Osamu Tezuka. Osamu Tezuka s’est lancé dans le manga en 1947 en adaptant “L’île au trésor” de R.L. Stevenson. En pleine période de reconstruction matérielle et morale après le désastre nucléaire qui a traumatisé le peuple japonais, Tezuka va traiter les thèmes adultes prédominants sous forme de contes et à travers l’évolution de ses personnages, forge une nouvelle identité au pays. Et pas qu’au Japon. “Le Roi Léo”, 1er dessin animé qui aura marqué en France la génération des 40-50 ans actuels, en est l’exemple parfait. Pouvoir, guerres, dialogue des peuples, tolérance en sont les thèmes. On a encore dans nos oreilles la musique de début et de fin : “Il n’a peur de rien, les loups tremblent devant lui. Il respecte les anciens, l’expérience de la vie”. Le roi Léo est aussi la première série en couleur à la télé (1965). A cette époque, le coup de crayon est encore prépondérant, le scénario quelque peu secondaire. La série Astro Boy (Astro le petit robot en France) lui a conféré dans les années 1950 une grande popularité. Disney en porte un long métrage à l’écran en 2009, une adaptation libre (avec notamment des référentiels aux lois de la robotique d’Asimov et des personnages rondouillards bien dans l’esprit de son créateur). L’histoire : dans le futur, un père implante la mémoire de son fils accidenté dans un robot, puis le rejette. Sont évoqués en toile de fond les thèmes de la course à l’armement, d’un président avide au plus bas dans les sondages qui veut déclencher une guerre pour se faire réélire et des thèmes adolescents classiques (le robot est en quête de sa place dans le monde), Astro y est présenté comme plus humain que les humains eux-mêmes. Osamu Tezuka connaîtra des funérailles nationales en 1989 et ne pourra malheureusement finir son projet d’adaptation de la Bible en manga. Le prix Tezuka est aujourd’hui le plus prestigieux prix au Japon. Un de ses dessins originaux a atteint le record de 255.000 € lors d’une vente aux enchères. Un musée lui est consacré à Takarazuka, la ville où il passa son enfance et adolescence.