History and Tradition, Histoire et Tradition, est le slogan de Kasumi. Cette histoire dont se revendique la manufacture, transparaît dans leurs créations. Elle est innée. Elle les irrigue.
Et cela se voit. Kasumi a ceci de particulier qu’il est très moderne dans son approche mais ne déroge à aucune concession quant à l’ancrage historique de ses produits, qui doivent être “dans l’esprit”. L’esprit est là, il se voit du premier coup d’oeil de la part du consommateur et du coup les nombreuses copies de mauvais goût se distinguent aussi. La marque a acquis une telle notoriété que de nombreuses sociétés commerciales s’y étalonnent maladroitement.
Sa dernière création, KURO mix & match est à la fois conceptuel avec un choix de manche et pont entre tradition et modernité. Manche traditionnel octogonal / modernité avec sa surface anti-adhérente. Contraste entre haut et bas de la lame, entre manche mat et lame brillante comme les armures japonaises contrastaient avec les sabres luisants. Mais harmonie avant tout. Un manche vierge de toutes fioritures et pas de chinoiseries comme ces rivets centraux colorés qu’on aperçoit sur les copies bon marché et chez ceux qui tentent de s’approprier les codes sans savoir, Kasumi qualifie ces manches de “business handle” très éloignés de la sobriété japonaise et de ses canons esthétiques. La différence pour ces usurpations à l’usure prématurée, une trentaine d’€, n’en vaut pas la peine.
En japonais, on a donc les “purs” comme Kasumi à l’opposé de certains qui font malignement croire qu’ils fabriquent au Japon et la 3ème catégorie ceux qui revendiquent la paternité de création mais dont le modèle économique de fabriquer ailleurs est assumé. Pas du tout apprécié au Japon : ceux qui s’arrogent des noms de famille illustres mais font faire ailleurs sans état d’âme. On prend par exemple le nom d’une ancienne famille de Seki sans postérité et on sous-traite ailleurs. Outrageant.
Il y a quelques années on repérait facilement les produits japonisés, ils portaient des noms très simples que n’utiliserait jamais un Japonais comme “samouraï’, de radis japonais, ou à consonance japonaise avec force W et K pour faire exotique. C’est plus difficile aujourd’hui, mais on peut quand même regarder qui fabrique, les manufactures authentiques ont pignon sur rue. Dernièrement un de ces me-too sorti de nulle part qui cherche à faire croire que son origine est japonaise, titrait : “K–AÏ” (l’acronyme servant de marque) signifie “solide” en japonais. Or 固 体 en japonais, ne signifie rien, personne n’en comprend le sens. Peut-être les Chinois peuvent nous éclairer puisque la société-mère est basée à Hong-Kong ;-). Le produit ressemble à KURO, on poussera donc le vice jusqu’à l’appeler pareil.
Dernier indice pour repérer les produits illégitimes : les photos des chefs qui cuisinent avec le dit couteau (souvent ce n’est même pas celui-là qui est représenté…), des chefs à l’allure très occidentale. Les Japonais ne citent jamais les chefs qui travaillent avec leurs couteaux, ce n’est pas dans leur culture.