En introduction de notre page d’accueil nous affirmons “un vrai couteau japonais au sens où on l’entend couramment ne peut pas n’être qu’une forme de lame car les couteliers japonais ont un savoir-faire rodé à la perfection au cours des siècles, mettant plus d’éléments distinctifs qu’en apparence“. Ceci pour différencier du design chinois, plus lourd et kitsch, mais aussi de certains Japonais pour lesquels produire pour le plus grand nombre est le seul objectif.
Creusons un peu.
De nombreux couteaux japonais circulent actuellement sur le marché dont certains ont très peu d’inputs d’art japonais. C’est le cas de la marque M…y de la société Z… (un coutelier allemand qui a installé une usine au Japon) ou de l’acronyme W…i émergeant du néant chez un commerçant sur Internet. Nous quand on regarde ces produits on y voit un melting pot d’influences qui ne sont pas culturellement très japonaises, à commencer par les manches. Le coutelier M… créé récemment, en 2004, ne revendique que de faire des formes japonaises. C’est assumé, le but étant de répondre à une demande occidentale, essentiellement pour l’exportation. On surfe juste sur la vague.
Dans la gamme Chroma France le design est omniprésent. Sans artifice de langage. C’est tout d’abord le design F.A. Porsche qui a cette proximité de pensée avec le design utile à la japonaise que la forme épouse au plus près la fonction de l’objet, sans aspérités. C’est aussi le design vintage de Haiku ou de Kurouchi ou le design épuré de Masahiro qui ravit les Nordiques, adeptes du design pratique. Le design japonais c’est encore le charme d’un manche riveté à l’ancienne chez Kasumi, prix Design + Francfort 2002. Kasumi Damas c’est l’Original, qui a inspiré toutes les imitations. Une poésie légère s’en dégage, comme “la brume au matin sur la crête” (Ka-su-mi). Kasumi a reçu une seconde fois le prix Design +, en 2010, pour la gamme Kasumi Titanium. Dans l’un et l’autre cas les concepteurs font de la synthèse du passé avec le présent un subtil sous-jacent. Derrière la qualité de coupe il y a aussi cela.
Enfin il y a les formes plongeantes de Kasane. D’un récent entretien avec la designer de Kasane, Madame Misa Kuromoto (*), il ressort que son but était d’obtenir des lignes si pures qu’elles semblent disparaître et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est réussi. Il est vrai que les formes géométriques les plus simples posent toujours plus de difficultés aux fabricants. La simplicité est un marqueur de luxe dans nos intérieurs. Nous y ajouterons que le bois embellit une pièce, en faisant entrer la nature à l’intérieur ; c’est particulièrement marquant avec Kasane dont le grain du bois sauvage est unique, racontant à chaque fois son histoire tirée de la nature japonaise.
(*) Misa Kuromoto est née en 1982 à Nagoya. Diplômée “Intermedia Art Expression, Département Fine Arts de l’Université des Arts de Tokyo”, elle a créé “Oisiiworks Design Office” en 2012, puis “STUDIO crossing” à Minokama dans la province de Gifu. En sus de son travail de designer / art director, elle gère une galerie d’art contemporain à Minokama qui expose verreries et céramiques. C’est la première femme à notre connaissance à avoir désigné un couteau de cuisine.
