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Hamon

Gage de savoir-faire

Pour ceux qui suivent ces pages vous appréhendez mieux maintenant les grandes étapes de fabrication d’une lame de sabre ou de couteau japonais : 
1. forge – 2. martelage – 3. pliages successifs – 4. profilage – 5. trempe – 6. polissage… Intéressons nous à la trempe.
Une fois la géométrie de la lame réalisée celle-ci est chauffée à des températures très élevées puis subitement plongée dans l’eau de sorte à ce que les atomes de carbone n’aient pas le temps de s’échapper de la structure moléculaire fragile d’une lame chauffée à blanc. Cette opération s’appelle la trempe. Sur les produits à forte valeur ajoutée (ci-dessus Haiku Pro de Chroma) les maîtres-couteliers appliquent de l’argile sur une partie de la lame avant de la tremper dans l’eau, de sorte à ce que la partie recouverte refroidisse moins vite, devenant ainsi plus dure (mais plus friable). Le carbone et le degré auquel l’acier refroidit dicte la dureté atteinte, plus élevé le % de carbone, plus vite l’acier refroidit. Si on permet au fil de refroidir plus vite qu’au dos on crée un différentiel, fil très dur, le reste plus souple. La différence de dureté entre la partie basse et le corps restant de la lame créé un effet visuel, “marque de dureté”, le hamon, littéralement motif de lame en japonais, on obtient par la même occasion une plus-value artistique car certains hamon peuvent être très complexes, souvenons-nous du Fuji Yama des lames Okishiba de Chroma. (lequel soi-dit en passant, travaillait dans le noir, afin de contrôler visuellement la couleur de l’incandescence indiquant la température atteinte, on comprend mieux pourquoi ses pièces valent une fortune). Les hamon les plus fréquents : suguha (droit), gunome (semi-circulaires), notare (vagues allongées), choji (clous de girofle). On dit que l’inventeur de cette technique fut Amakuni Yamasutsuna au VIIIème siècle. Celui-ci constata lors du retour de l’empereur de la guerre que la moitié des lames avaient été brisées. Il s’empara du problème avec son fils et ré-équipa toute l’armée pour la prochaine campagne de printemps. Lorsque l’empereur revint, cette fois-ci aucune lame ne s’était brisée. On trouve encore dans les musées certains Yamatsuna attestant qu’à cette époque la technique était déjà employée.