Un résultat garanti
Petit rappel. La coutellerie logiquement devrait se borner à l’utilisation d’aciers durs (0,4 à 0,8 % de carbone) ou extra-durs (de 0,8 % à 1,3 %) à mise en forme définitive, les aciers inférieurs étant eux destinés à des produits plus malléables pour être ré-usinés à froid. Mais au XXème siècle, sous la pression de nouvelles formes de consommation (lave-vaisselle) et de commerce (grandes surfaces), le marché du couteau en Occident s’est scindé en deux parties bien distinctes :
Aiguisage à la pierre, les grandes lignes.
Utiliser une pierre éponyme aux couteaux est toujours un bon choix © – Chroma France |
Un mot sur l’aiguisage correctif :
Lorsque les couteaux sont complètement émoussés ou légèrement ébréchés (cela ne devrait pas arriver avec un couteau japonais entretenu et employé comme il se doit), un grain plus épais de #200 à #400 s’impose, c’est la raison pour laquelle les Japonais ont lancé des pierres combinées 240/1000 ou 400/1000. Sachez que les gros grains rognent plus de matière. Nous préférons les 1000/3000 en entretien préventif qui affileront votre lame sans en modifier à la longue la forme.
A propos des pierres chinoises.
Nous avons analysé de nombreuses pierres, force est de reconnaître que comme pour les couteaux, les qualités diffèrent sensiblement. Nous ne cédons pas au dédain habituel pour les produits de Chine (les Chinois savent fabriquer d’après un cahier des charges très strict si on y met le prix), mais au microscope on note quand même des différences notables entre pierre chinoise et japonaise. La matière première est généralement la même mais influent aussi d’autres éléments, comme les agents liants. Ceux-ci jouent sur l’agglomération des grains. A l’usage les pierres chinoises fabriquées avec un mauvais liant s’usent plus vite. On parle aussi parfois de dureté de la pierre pour évoquer ce phénomène de rapidité d’usure. Si l’usure prématurée est une chose, la qualité de l’aiguisage s’en ressent aussi. A granulométrie égale, une pierre qui laisse ses grains se désolidariser sous l’effet du frottement de l’acier ne produira pas un bon résultat. Elles peuvent donc constituer une porte d’entrée pour se faire la main mais à la longue il faudra en changer, alors que la pierre japonaise est un investissement à long terme. Une recommandation qu’on peut faire, c’est de vérifier la concordance d’origine des produits lorsqu’il s’agit d’aiguiser une marque réputée car les pierres ont été intégrées au processus d’élaboration des couteaux. Là où cela se complique, c’est que les Japonais eux-mêmes mélangent les genres, utilisant parfois la Chine comme base arrière. C’est compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est qu’ils ne l’indiquent pas. Un repère : vu le niveau du yen on peut se faire une idée comment distinguer une pierre japonaise d’une chinoise : par le prix. En-dessous de 50 €, elle n’est sans doute pas produite au Japon et/ou présentera des dimensions réduites expliquant le faible coût.
Un exemple, il est courant de trouver des pierres 1000/3000 commercialisées sur Internet à 30~40€ qui, sur le papier, peuvent s’apparenter à la pierre P35 de Chroma. A l’usage on se rend compte que des écarts existent. Entre autres :
– elles sont près de 30% moins volumineuses : 175 x 55 x 25mm contre 182 x 62 x 30mm pour la P35. C’est autant de matière première et de durée de vie en moins. Certaines sont décrites par le fabricant lui-même en ces termes “for home use“, ce qui signifie qu’elle est adaptée à un usage peu intensif, pour un couteau à usage domestique ce qui pré-suppose en langage de fabricant, d’entrée de gamme. La P35 en comparaison est calibrée pour les lames possédant les meilleurs aciers (jusqu’à 1,2% de carbone ~ 63°HRC).
– certaines ne sont adaptées qu’à l’aiguisage d’outil, dixit le fabricant “this type is suitable for sharpening a craftman’s tools“, mais en France ce n’est pas repris.
Nous vous recommandons de vous méfier de pierres à bas prix et en règle générale d’autres marques non calibrées pour l’affilage de nos couteaux. Les informations données par le fabricant et énoncées ci-dessus ne sont que très rarement (voir jamais), reportées par les revendeurs et certains trichent sur la granulométrie.
Pour aller plus loin et choisir la bonne pierre pour vos couteaux vous pouvez lire notre premier article sur le sujet et consulter notre tableau de choix des pierres.